610*        ' MEMOIRES DE PIERRE DE LESTOILE.
en rumeur, et principalement les Seize, qui en prirent l'alarme : si que le curé de Saint-Cosme, avec Josset et autres semblables garnemens, arma; firent porter des armes aux Cordeliers; et marchoit ledit curé par Paris avec sa troupe, armé jusques aux dents, aiant baptisé ce jour, tout armé qu'il estoit, un enfant dans son eglise Saint-Cosme. Quelque temps au paravant il avoit ce­lebré la messe avec une cuirasse : pour laquelle cause nous lisons dans l'histoire de Florence que Francisque Salviati, archevesque de Pise, l'aiant célébrée de ceste façon, fust pris et pendu avec son propre habit audit Florence. Mais ce bon curé, tout au contraire, au lieu d'estre pendu pendoit les autres. Quant aux prédica­teurs, encores qu'ils fussent mal contens de ceste sor­tie, toutefois ils n'en.dirent mot; mais en termes ge­neraux crièrent plus fort que devant ; que tout estoit perdu, et quc de secours du costé des hommes il n'en falloit plus attendre ; animèrent fort le peuple à se des­faire des politiques. Guarinus arma tous les moines, et les anima à prendre le corselet et la pique pour la cause de Dieu ; cria comme de coustume contre ceux de Ia justice, et dit que tout n'en valoit rien ; et que si on ne mettoit bientost la main aux cousteaus, que les politiques nous esgorgeroient; mais qu'il fourniroit en­cores de deux mil moines dedans Paris contre eux, qui tireroientl'espée et arriveroient pour ceste querelle. Et que de cela il s'en faisoit fort.
Le curé de Saint-André le seconda fort bien, et anima comme lui le peuple à sédition ; appela M. de La Chastre traistre, meschant, politique et atheiste, en-gressé de la Ligue, et fait par elle mareschal, « lui qui <x n'estoit rien devant, dist-il, qu'un pauvre garson, et
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